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Tu ressens pour le jeu la pente la plus forte…

Valentin

Ah ! Si je joue un peu, c’est pour passer le temps.
Quand vous percez les nuits dans certains noirs brelans,
Je vous entends jurer au travers de la porte :
Je jure comme vous quand le jeu me transporte ;
Et ce qui peut tous deux nous différencier,
Vous jurez dans la chambre, et moi sur l’escalier.
Je vous imite en tout. Vous, d’une ardeur extrême,
Buvez, jouez, aimez ; je bois, je joue, et j’aime :
Et si je suis coquet, c’est vous qui le premier,
Consommé dans cet art, m’apprîtes le métier.
Vous allez chaque jour, d’une ardeur vagabonde,
Faisant rafle partout, de la brune à la blonde.
Isabelle à présent vous retient sous sa loi ;
Vous l’aimez, dites-vous : je ne sais pas pourquoi…

Le Chevalier

Tu ne sais pas pourquoi ! Se peut-il qu’à ses charmes,
À ses yeux tout divins on ne rende les armes ?
Je la vis chez sa tante, où j’en fus enchanté ;
Le trait qui me perça, mon cœur l’a rapporté.

Valentin

Autrefois cependant pour sa tante Araminte,
Toute folle qu’elle est, vous aviez I’âme atteinte.
J’approuvois fort ce choix : outre que ses ducats