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Mercure

Les spectacles, la comédie,
Me donnent, à Paris, quelque occupation ;
Je les ai pris sous ma protection.
Pour célébrer une fête publique,
J’aurois aujourd’hui grand besoin
D’avoir quelque pièce comique
Qui fût marquée à votre coin.

Apollon

Hé quoi ! Sans vous donner la peine
De venir ici de si loin,
N’est-il point là d’auteurs amoureux de la scène,
Qui du théâtre encor puissent prendre le soin ?

Mercure

Depuis qu’un peu trop tôt la parque meurtrière
Enleva le fameux Molière,
Le censeur de son temps, l’amour des beaux esprits,
La comédie en pleurs, et la scène déserte,
Ont perdu presque tout leur prix :
Depuis cette cruelle perte,
Les plaisirs, les jeux et les ris,
Avec ce rare auteur sont presque ensevelis.

Apollon

Il faut réparer le dommage
Que le destin a fait au théâtre françois,
Et tirer du tombeau quelque personnage,
Pour paroître encore une fois.
Plaute fut, en son temps, les délices de Rome,
Tel que Molière fut le charme de Paris ;