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Sont pour lui par trop surannées :
Depuis trois ou quatre mille ans,
Tous vos faiseurs de vers, mal avec la fortune,
En ont tous épousé quelqu’une.
Il faut à Jupiter des morceaux plus friands :
La qualité n’est pas ce qui plus l’inquiète ;
Une bergère, une grisette,
Lui fait souvent courir les champs.

Apollon

Que dit à cela son épouse ?

Mercure

Elle suit les transports de son humeur jalouse ;
Mais le bon Jupiter ne s’en étonne pas,
Et là-haut, c’est comme ici-bas ;
Quand un époux a fait quelque intrigue nouvelle,
La femme a beau crier, le mari va son train.
Quand la dame, en revanche, a formé le dessein
De se dédommager d’un époux infidèle,
Et qu’un galant se rend patron
De la femme et de la maison,
L’époux a beau gronder, faire le ridicule,
Il faut qu’il en passe par là,
Et qu’il avale la pilule,
Ainsi que Vulcain l’avala.

Apollon

Quelle est donc la raison nouvelle
Qui près d’Apollon vous appelle ?

Mercure

Je vais vous le dire ; écoutez :