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démocrite.

Tu te moques de moi. Mais Criséis s’avance.
Sur son front pudibond brille son innocence.


Scène V.

CRISÉIS, DÉMOCRITE, STRABON.
criséis.

Je cherche ici mon père, et ne le trouve pas ;
Jusqu’assez près d’ici j’avois suivi ses pas.
Ne l’avez-vous point vu ? Dites-moi, je vous prie,
Seroit-il retourné ?

démocrite, à part.

Seroit-il retourné ? Dans mon âme attendrie
Je sens, en la voyant, la raison et l’amour,
L’homme et le philosophe, agités tour à tour.

strabon.

N’avez-vous point, la belle, en votre promenade,
Donné, sans y penser, près de quelque embuscade ?
On trouve quelquefois, au milieu des forêts,
Des Sylvains pétulants, des Faunes indiscrets,
Qui, du soir au matin, vont à la picorée,
Et n’ont nulle pitié d’une fille égarée.

criséis.

Jamais je ne m’égare ; et, grâce à mon destin,
Je ne rencontre point telles gens en chemin.
Je m’étois arrêtée au bord d’une fontaine
Dont le charmant murmure et l’onde pure et saine