Et, pour mettre d’accord ces deux messieurs ensemble,
Je n’ai pas, pour venir, trop tardé, ce me semble.
Vous voyez donc, monsieur, d’où procède son mal ?
Je le vois aussi net qu’à travers un cristal.
Tant mieux. Vous saurez que, depuis tantôt, la belle
Sent toujours de son mal quelque crise nouvelle :
En ces lieux écartés, n’ayant nuls médecins,
Monsieur m’a conseillé de la mettre en vos mains.
Sans doute elle seroit beaucoup mieux dans les siennes ;
Mais j’espère employer utilement mes peines.
Vous avez donc guéri de ces maux quelquefois ?
Moi ? Si j’en ai guéri ? Ah ! Vraiment, je le crois.
Il entre dans mon art quelque peu de magie.
Avec trois mots, qu’un juif m’apprit en Arabie,
Je guéris une fois l’infante de Congo,
Qui vraiment avoit bien un autre vertigo.
Je laisse aux médecins exercer leur science
Sur les maux dont le corps ressent la violence :
Mais l’objet de mon art est plus noble ; il guérit
Tous les maux que l’on voit s’attaquer à l’esprit.
Je voudrois qu’à-la-fois vous fussiez maniaque,
Atrabilaire, fou, même hypocondriaque,
Pour avoir le plaisir de vous rendre demain