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LISETTE.

Nous avons du crédit, madame.

Madame BERTRAND.

C’est bien à elle d’avoir seule une grosse maison, des habits magnifiques !

LISETTE.

Est-il défendu de faire fortune ?

Madame BERTRAND.

Et comment la fait-elle, cette fortune ?

LISETTE.

Fort innocemment : elle boit, mange, chante, rit, joue, se promène ; les biens nous viennent en dormant, je vous assure.

Madame BERTRAND.

Et la réputation se perd de même. Elle verra ce qui lui arrivera ; elle n’aura pas un sou de mon bien. Premièrement, ma fille unique ne veut plus être religieuse ; je m’en vais la marier : mon frère le chanoine, qui lui en veut depuis longtemps, la déshéritera ; car il est vindicatif. Patience, patience ; elle ne sera pas toujours jeune.

LISETTE.

Hé ! Vraiment, c’est pour cela que nous songeons à profiter de la belle saison.

Madame BERTRAND.

Oui ! Fort bien ! Et tout le profit qui vous en demeurera, c’est que vous mourrez toutes deux à l’hôpital, et déshonorées encore,