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co-, il faut bien que je m’aguerrisse à faire toutes sortes de personnages.


Scène II.

ISABELLE, OCTAVE.
Octave.

Enfin, charmante Isabelle, me voilà seul avec vous, et je puis en liberté…. (Il l’embrasse.)

Isabelle.

Oh ! Monsieur, point de libertés, s’il vous plaît. Comment ! Vous débutez par où les autres finissent !

Octave.

C’est le privilège de notre profession, mademoiselle ; et la liberté du geste est la plus belle partie du comédien.

Isabelle.

Une fille n’est donc pas en sûreté avec vous autres messieurs ?

Octave.

Ne craignez rien, belle Isabelle ; nous n’avons que l’extérieur de dangereux : notre science se borne à ébranler les cœurs, d’autres les emportent ; et tel ne dit mot dans une loge, qui a tout le profit d’une tendresse que l’acteur s’efforce d’émouvoir.

Isabelle.

Quand un comédien est fait comme vous, il a souvent la meilleure part dans la tendresse qu’il inspire.