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ACTE TROISIÈME.



Scène I.

ISABELLE, COLOMBINE.


Colombine.

Je vous dis encore une fois, mademoiselle, que vous ne sauriez mieux faire, et qu’il faut nous en tenir à notre comédien italien.

Isabelle.

Je crois que tu as raison. Je me sens toutes les dispositions à devenir bonne comédienne : j’ai l’esprit à toute main ; je serai prude quand je voudrai, coquette quand il me plaira, fière avec les bourgeois, traitable avec l’homme de qualité ; enfin, il y aura bien du malheur si je ne contente le public.

Colombine.

Oh ! Le public est un compère qui n’est pas aisé à chausser : on ne sait pas comment faire aujourd’hui pour gagner sa bienveillance. Je sais bien qu’une jolie personne comme vous a plus de facilité qu’une autre à faire valoir les talents du théâtre,

Isabelle.

Je crois que je me tirerai d’affaire dans ce pays-là. Je parois une fois davantage aux chandelles ; j’ai du teint, de l’enjouement. Pour de l’embonpoint et de la gorge, il n’y a guère de personne à qui je le cède.

Colombine.

Tant mieux ; c’est l’essentiel pour une comédienne. La gorge est une partie à quoi les spectateurs s’attachent le plus, principalement messieurs du balcon, qui se mettent là exprès afin d’être plus à portée.

Isabelle.

Je n’ai qu’un défaut pour le