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Arlequin.

Vous êtes charmée de ma personne, n’est-ce pas ? (Il montre un dindon qu’il porte sur le poing.) Quand j’ai ce compère-là sur le poing, je ne manque guère ma proie. Nous avons dans notre famille le vol des filles et du dindon.

Colombine.

Les filles de ce pays-ci ne se prennent pourtant pas avec des poulets d’Inde ; quelquefois avec une fricassée de poulets, donnée à propos, je ne dis pas que non.

Arlequin, à Isabelle.

Votre chambrière a de l’esprit ; je la retiens pour être mon premier piqueur.

Colombine.

Oh ! Monsieur, vous me faites trop d’honneur ; je ne sais pas piquer.

Arlequin.

Oh ! Que cela ne te mette point en peine, on te montrera.

Isabelle.

Mais, Monsieur, vous ne parlez que de chasse ; est-ce que vous n’avez pas d’autre occupation ?

Arlequin.

Oh ! Que si ; j’aime l’étude passionnément ; je me renferme tous les matins dans mon cabinet avec mes chiens et mes chevaux.

Isabelle.

La compagnie est savante.