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De serpents mon coeur est dévoré ;

Tout semble en un moment contre moi conjuré.

Parle. As-tu jamais vu le sort et son caprice [1430]

Accabler un mortel avec plus d'injustice,

Le mieux assassiner ? Perdre tous les partis,

Vingt fois le coupe-gorge, et toujours premier pris !

Réponds-moi donc, bourreau.HECTOR.

Mais, ce n'est pas ma faute.VALÈRE.

As-tu vu de tes jours trahison aussi haute ? [1435]

Sort cruel, ta malice a bien su triompher ;

Et tu ne me flattais que pour mieux m'étouffer.

Dans l'état où je suis, je puis tout entreprendre ;

Confus, désespéré, je suis prêt à me pendre.HECTOR.

Heureusement pour vous, vous n'avez pas un sou [1440]

Dont vous puissiez, Monsieur, acheter un licou.

Voudriez-vous souper ?VALÈRE.

Que la foudre t'écrase.

Ah ! Charmante Angélique, en l'ardeur qui m'embrase,

À vos seules bontés je veux avoir recours !

Je n'aimerai que vous ; m'aimeriez-vous toujours ? [1445]