HECTOR}}.
N'admirez-vous pas cette fidélité ?
Perdre exprès son argent pour n'être plus tenté !
Il sait que l'homme est faible, il se met en défense. [1230]
Pour moi, je suis charmé de ce trait de prudence.ANGÉLIQUE.
Quoi ! Ton maître jouerait au mépris d'un serment ?HECTOR.
C'est la dernière fois, Madame, absolument.
On le peut voir encor sur le champ de bataille ;
Il frappe à droite, à gauche, et d'estoc et de taille, [1235]
Il se défend, Madame, encor comme un lion.
Je l'ai vu, dans l'effort de la convulsion,
Maudissant les hasards d'un combat trop funeste :
De sa bourse expirante il ramassait le reste ;
Et paraissant encor plus grand dans son malheur, [1240]
Il vendait cher son sang et sa vie au vainqueur.NÉRINE.
Pourquoi l'as-tu quitté dans cette décadence ?HECTOR.
Comme un aide-de-camp, je viens en diligence
Appeler du secours : il faut faire approcher
Notre corps de réserve, et je m'en vais chercher [1245]
Deux cents louis qu'il a laissés dans sa cassette.NÉRINE.
Eh bien ! Madame, eh bien ! êtes-vous satisfaite ?HECTOR.
Les partis sont aux mains ; à deux pas on se bat,
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