Tant mieux.
Bonjour, mon frère.
Qu'est-ce ? Eh bien ! Qu'avez-vous ? Vous êtes tout changé !
Allons, gai. Vous a-t-on donné votre congé ? [825]DORANTE.
Vous êtes bien instruit des chagrins qu'on me donne !
On ne me verra point violenter personne ;
Et quand je perds un coeur qui cherche à s'éloigner,
Mon frère, je prétends moins perdre que gagner.Géronte.
Voilà les sentiments d'un héros de Cassandre. [830]
Entre nous, vous aviez fort grand tort de prétendre
Que sur votre neveu vous pussiez l'emporter.DORANTE.
Non ; je ne sus jamais jusque-là me flatter.
La jeunesse toujours eut des droits sur les belles ;
L'amour est un enfant qui badine avec elles : [835]
Et quand, à certain âge, on veut se faire aimer,
C'est un soin indiscret qu'on devrait réprimer.Géronte.
Je suis, en vérité, ravi de vous entendre ;
Et vous prenez la chose ainsi qu'il la faut prendre.NÉRINE.
Si l'on m'en avait cru, tout n'en irait que mieux. [840]DORANTE.
Ma présence est assez inutile en ces lieux.
Je vais de mon amour tâcher à me défaire.Géronte.
Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/205
Cette page n’a pas encore été corrigée