Il est vrai.
LA COMTESSE.
Rien n'est plus à craindre dans la vie,
Qu'un époux qui du jeu ressent la tyrannie.
J'aimerais mieux qu'il fût gueux, avaricieux,
Coquet, fâcheux, mal fait, brutal, capricieux,
Ivrogne, sans esprit, débauché, sot, colère, [445]
Que d'être un emporté joueur comme est Valère.ANGÉLIQUE.
Je sais que ce défaut est le plus grand de tous.
LA COMTESSE.
Vous ne voulez donc plus en faire votre époux ?ANGÉLIQUE.
Moi ? Non : dans ce dessein nos humeurs sont conformes.NÉRINE.
Il a, ma foi, reçu son congé dans les formes. [450]
LA COMTESSE.
C'est bien fait. Puisque enfin vous renoncez à lui,
Je vais l'épouser, moi.ANGÉLIQUE.
L'épouser ?
LA COMTESSE.
Aujourd'hui.ANGÉLIQUE.
Ce joueur, qu'à l'instant ?...
LA COMTESSE.
Je saurai le réduire.
On sait sur les maris ce que l'on a d'empire.ANGÉLIQUE.
Quoi ! Vous voulez, ma soeur, avec cet air si doux, [455]
Page:Regnard - Œuvres complètes, tome second, 1820.djvu/177
Cette page n’a pas encore été corrigée