Page:Regnard - Œuvres complètes, tome quatrième, 1820.djvu/354

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et je veux, par les mêmes armes,
Me punir des maux que j’ai faits.
Mes yeux, fermez-vous à jamais,
Ou ne vous ouvrez plus que pour verser des larmes.
Mais que servent, hélas ! Ces regrets superflus ?
Cher Léandre, tu ne vis plus.
Quand tu descends pour moi dans la nuit éternelle,
Doit-il m’être permis de voir encor le jour ?
Non, non : pour me rejoindre à cet amant fidèle,
La plus affreuse mort me paroîtra trop belle,
Et ce fer doit ouvrir un chemin à l’amour.

Elle tire son stylet pour s’en frapper.

Scène VI.

Léandre, Isabelle.
Léandre, lui arrêtant le bras.

Ciel ! Que voulez-vous entreprendre ?

Isabelle

Dois-je en croire mes yeux ? Est-ce vous, cher Léandre ?

Léandre

Quelle aveugle fureur vous arrache le jour ?

Isabelle

Le bruit de votre mort causoit seul mes alarmes ;
Mon sang versé, mieux que mes larmes,
Vous alloit prouver mon amour.