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qui est exilé de son pays pour je ne sais combien d’actions honorables qu’il a généreusement entreprises. » Nérine, qui seconde Sbrigani, est digne d’un pareil collègue. Sbrigani, en répondant au portrait que nous venons de citer, la loue de la gloire qu’elle s’est acquise. « Lorsqu’avec tant d’honnêteté (lui dit-il), vous pipâtes au jeu, pour douze mille écus, ce jeune seigneur étranger que l’on mena chez vous ; lorsque vous fîtes galamment ce faux contrat qui ruina toute une famille ; lorsqu’avec tant de grandeur d’ame , vous sûtes nier le dépôt qu’on vous avoit confié et que si généreusement on vous vit prêter votre témoignage à faire pendre ces deux personnes qui ne l’avoient pas mérité. » Lisette et Crispin ne sont pas plus vicieux que Sbrigani et Nérine. Regnard a fait d’ailleurs tout ce qu’il a pu pour rendre ces deux personnages odieux ; il vouloit qu’ils fussent plaisants , mais il n’a pas voulu qu’ils pussent intéresser. Lisette, gouvernante du vieux Géronte, est une fille de mœurs suspectes. Crispin n’ignore pas qu’elle a vécu scandaleusement avec son maître. Voici l’aveu qu’il en fait ; il dit à Éraste, acte IV, scène 7 :

.............................Elle est un peu de la famille.
Votre oncle, si l’on croit le lardon scandaleux.
N’a pas été toujours impotent et goutteux;
Et j’ai du lui laisser un peu de subsistance
Pour l’acquit de son ame et de ma conscience.