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dire qu’il confessa avoir reçu vingt mille écus, quoiqu’elle ne lui eût jamais apporté en mariage qu’un fonds de galanterie outrée, et une fureur effrénée pour le jeu : voilà la dot de la Dame.

SOTINET

Cornichon.Avec votre permission, Maître Braillardet, vous ne vous tiendrez pas pour interrompu si je vous dis que vous en avez menti : il a reçu vingt mille bons écus.

BRAILLARDET

Des démentis, messieurs, des démentis ! Il est vrai que voilà le style ordinaire de Maître Cornichon.

CORNICHON

Eh ! Allez, allez votre chemin : je vous vois venir avec vos suppositions. Une fureur pour le jeu ! Une femme qui n’a pas vingt ans, une fureur pour le jeu !

BRAILLARDET

Oui, oui, messieurs ; quand je dis que voilà la dot de la Dame Sotinet, je n’avance rien que de véritable ; mais ne croyez pas que, parcequ’elle n’a rien eu en mariage, elle en dépense moins en se mariant. Les jeunes filles qui se vendent à des vieillards achètent en même temps le droit de les envoyer à l’hôpital promptement, par leurs dépenses extravagantes : c’est ce qu’a presque fait la Dame Sotinet ; car enfin le pauvre homme ne fut pas plus tôt marié, qu’il vit bien comme presque tous les autres qui s’enrôlent dans cette milice qu’il avoit fait une sottise ; que le mariage est une affaire à laquelle il faut songer toute sa vie ; qu’un bon singe et la meilleure femme sont