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à mon honneur. Ma femme m’a fait assigner devant le dieu d’Hymen ; on n’est guère favorable aux maris à ce tribunal là. Ce qui me fâche le plus, c’est que l’on me fera rendre vingt mille écus que je n’ai point reçus. Allons.

PIERROT.

Hé ! Monsieur, consolez vous : il y a bien des gens qui voudroient être quittes de leurs femmes à ce prix là.


Scène VI

Aurélio, en dieu de l’Hymen ; Colombine, en avocat, sous le nom de Braillardet ; Arlequin, en avocat, sous le nom de Cornichon ; Monsieur Sotinet, Isabelle, plusieurs assistants.

Le théâtre représente le temple de l’Hyménée, au milieu duquel est un tribunal soutenu de bois de cerfs et de cornes d’abondance. Le dieu de l’Hymen, vêtu de jaune, avec une très grande mante, doublée de souci et parsemée de petits croissants, sort au son des instruments. Il est précédé de la joie et des plaisirs, et suivi du chagrin et de la tristesse. Après qu’il a fait le tour du théâtre, il va se mettre sur son tribunal, qui est entouré tout aussitôt par une infinité d’enfants et de nourrices, qui tiennent des berceaux, des poêlons, des langes, et autres ustensiles qui servent à élever les petits enfants.

BRAILLARDET, plaidant

Pour Messire Mathurin Blaise Sotinet, sous fermier, contre la dame Sotinet, sa femme, demanderesse en séparation.