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Scène III

Arlequin, Isabelle, Colombine.
COLOMBINE.

Ah ! Mon pauvre Arlequin, tu viens ici bien à propos.

à Isabelle.

Tenez, madame, voilà l’avocat que je vous veux donner.

à Arlequin.

Viens çà, sais tu plaider ?

ARLEQUIN.

Si je sais plaider ? J’ai été quatre ans cocher du plus fameux avocat de Paris. Il me fit une fois plaider en sa place pour un homme qui avoit fait quelque petite friponnerie. Il devoit naturellement, et suivant toutes les règles de la justice, aller droit aux galères : je lui épargnai la fatigue du chemin : je fis tant qu’il n’alla qu’à la grève. Je criai comme un diable.

COLOMBINE.

Tu plaides donc bien ? Il n’en faut pas davantage pour gagner le procès le plus désespéré. Allons, viens ; suis moi : je te dirai ce qu’il faut que tu fasses.

ISABELLE.

Je ne sais pas, Colombine, dans quelle affaire tu m’embarques là. Ne vous mettez pas en peine, madame ; je vous en tirerai. Je ne vous dis pas ce que j’ai envie de faire.