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d’honnêtes femmes qui sont lasses de leur métier et de leur mari ; mais, du moins, elles n’en instruisent pas la ville par la bouche d’un avocat, et ne se font point déclarer fieffées coquettes par arrêt de la cour.

COLOMBINE.

C’est qu’elles n’ont pas un mari aussi bourru que vous en avez un. Vous êtes trop bonne, et vous gâtez les maris. Une bonne séparation, madame, une bonne séparation ; et le plus tôt, c’est le meilleur. Il y a déjà près de deux ans que vous êtes femme de Monsieur Sotinet ; et quand ce seroit le meilleur mari du monde, il seroit gâté depuis le temps.

ISABELLE.

Fais donc tout ce que tu voudras. Mais, faudra t il que j’aille solliciter toutes ces jeunes barbes de juges, qui me riront au nez, et qui sont ravis d’avoir des affaires de cette nature là ?

COLOMBINE.

Oh ! Madame, ne vous mettez point en peine, vous n’irez point aux juridictions ordinaires : le dieu d’Hymen est arrivé depuis quelque temps en cette ville, pour démarier toutes les personnes qui sont lasses du mariage. Il aura de la pratique, comme vous pouvez juger. Je veux qu’il commence par vous. Laissez moi faire ; j’ai une peste de tête…