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COLOMBINE.

Cela ne doit pas nous arrêter. Si madame veut aller à l’opéra, je trouverai bien un carrosse.

ISABELLE.

Ah ! Fi, Colombine, avec ton opéra. Peut on revenir à la demi Hollande, quand on s’est si longtemps servi de batiste ? J’y allai dès deux heures à la première représentation ; j’eus tout le temps de m’ennuyer avant que l’on commençât ; mais ce fut bien pis, quand on eut une fois commencé.

COLOMBINE.

Je ne conçois pas comment on peut s’ennuyer à l’opéra ; les habits y sont si beaux !

ISABELLE.

Je vois bien que nous ne sommes pas engouées de musique aujourd’hui, et qu’il faudra nous en tenir à la comédie italienne.

Le CHEVALIER

En vérité, madame, je ne sais pas quel plaisir vous trouvez à vos comédies italiennes ; les acteurs y sont détestables. Est ce qu’Arlequin vous divertit ? C’est une pitié. Excepté cet homme qui parle normand dans l’empereur de la lune, tout le reste ne vaut pas le diable. J’étois dernièrement à une pièce nouvelle ; elle n’étoit pas encore commencée, que j’entendis accorder les sifflets au parterre, comme on fait les violons à l’opéra. Je m’en allai aussitôt, pestant comme un diable contre ces nigauds là, et je n’en voulus pas voir davantage.