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Scène VI

Isabelle, Colombine, le Chevalier.
COLOMBINE.

Il faut dire la vérité ; monsieur le chevalier est d’un bon naturel : il ôteroit volontiers le morceau de sa bouche pour le donner à ses gens.

Le CHEVALIER

Ces gueux là sont trop heureux avec moi. C’est une commission que de me servir.

COLOMBINE.

Ils sont quelquefois trois jours sans manger ; mais aussi je crois que vous leur donnez de gros gages.

Le CHEVALIER

Je le crois, vraiment ; au bout de trois ans je leur donne congé pour récompense.

COLOMBINE.

Ils ne sont pas malheureux. Voilà le meilleur de votre condition.

ISABELLE.

Oh ! çà, monsieur le chevalier, voilà un chagrin qui me saisit. Que ferons nous après la collation ? Quand je n’ai plus que deux ou trois plaisirs à prendre dans le reste du jour, je suis dans une langueur mortelle ; et je m’ennuie presque toujours, dans la crainte que j’ai de m’ennuyer bientôt. Il faut envoyer voir ce que l’on joue aux italiens. Broquette, broquette !