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votre mauvaise, la visite que je reçois : mais il faut espérer que vous serez plus heureux.

Le CHEVALIER

Comment voulez vous, madame ? Pour être heureux, il faut jouer ; pour jouer, il faut avoir de l’argent ; et pour avoir de l’argent, que diable faut il faire ? Car nous autres chevaliers de Gascogne, nous n’avons jamais connu ni patrimoine, ni revenu.

COLOMBINE.

Il est vrai que de mémoire d’homme on n’a jamais vu venir une lettre de change de ce pays là.

ISABELLE.

Monsieur le chevalier voudra bien passer toute l’après dînée avec nous ?

Le CHEVALIER

Ma foi, madame, je ne sais pas si je pourrai me prostituer à votre visite ; car c’est aujourd’hui mon grand jour de femmes. Je m’en vais voir sur mes tablettes.

il tire ses tablettes, et lit.

Le mercredi, à cinq heures, chez Dorimène. Oh ! Ma foi, il est trop tard. À cinq heures et un quart, chez la comtesse qui m’a envoyé cette épée d’or.

En riant

Ah ! Ah ! La sotte prétention ! Vouloir que je rende une visite pour une épée qui ne pèse que soixante louis ! Non, madame, je n’irai pas, vous dis je ; j’y perdrois. À six heures et demie, promis à Toinon, au troisième étage, rue Tireboudin. Oh ! Ma foi, cette visite là se peut remettre. Allons, madame, je suis à vous pendant toute l’après dînée, et pendant toute la nuit, si vous voulez :