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vous les gens à qui vous devez ? Et pourquoi faut il que j’aie tous les jours la tête rompue de vos folles dépenses, qui me mènent à l’hôpital ? Je ne vois ici que des marchands qui apportent des parties, ou des maîtres qui demandent des mois.

ISABELLE.

Ah ! Vraiment, je vous trouve plaisant ! J’aime assez vos airs de reproches ! Et depuis quand les maris prennent ils ces hauteurs là avec leurs femmes ? Sachez, s’il vous plaît, monsieur, qu’un homme comme vous, qui a épousé une fille de qualité comme moi, est trop heureux quand elle veut bien s’abaisser à porter son nom. Mon mérite n’est il pas bien soutenu d’avoir pour piédestal le nom de Monsieur Sotinet ! Madame Sotinet ! Ah ! Quelle mortification ! Je sens un soulèvement de cœur, quand j’entends seulement prononcer le nom de Monsieur Sotinet.

COLOMBINE.

Et que n’en changez vous, madame ? N’est ce pas la mode ? Je connois un homme qui s’appelle Monsieur Josset, et sa femme se fait appeler la Marquise de Bas Aloi.

SOTINET

Taisez vous, impertinente ; on ne vous parle pas. Est ce à vous à mettre là votre nez ? Vous n’êtes pas plus sage que votre maîtresse.

ISABELLE.

Pourquoi voulez vous qu’elle se taise, quand elle a raison ? Ne sait on pas assez dans le monde l’honneur