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AMILARÉ

Je ne dis pas cela… Allons.

Ils chantent ensemble.

Cupidon ne sait plus de quel bois faire flèche. Cela ne vaut pas le diable.

Bégayant.

Cu, cu, cu.

TROTENVILLE

Cu, cu, cu… Voilà un air bien puant.

AMILARÉ

Allons, monsieur, tout de bon : cu, cu, cu… Chantez donc juste, si vous voulez.

TROTENVILLE, lui jetant le papier au nez

Oh ! Chantez juste vous même ; je sais bien ce que je dis. Est ce que je ne vois pas bien qu’il faut marquer là une dissonance, et que l’octave s’entrechoquant avec l’unisson, vient à former un dièse bémol. Mais, voyez cet ignorant !

AMILARÉ

Monsieur, avec votre permission, si les musiciens n’en savent pas plus que vous, ce sont de grands ânes.

TROTENVILLE

Plaît il, mon ami ? Savez vous que vous êtes un sot par nature, par bémol et par bécarre ? Je vous apprendrai à insulter ainsi la croche française.

AMILARÉ

Un sot ! À moi !

Il donne de son chapeau dans le visage de Trotenville.

TROTENVILLE, mettant la main sur son épée

Par la mort ! Par le sang !… Mesdames, je vous donne le bonsoir.

Il s’en va d’un côté, et Amilaré de l’autre.