Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/66

Cette page n’a pas encore été corrigée

ISABELLE.

Je suis ravi, messieurs, que vous vous trouviez ensemble. L’on n’est pas malheureux, quand on peut unir deux illustres.

Au maître à chanter.

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien chanter un air.

AMILARÉ, bégayant

Je, je, je, je, le, le veux bien.

TROTENVILLE

Quoi ! C’est là un maître à chanter ? Miséricorde !

Amilaré chante.

ISABELLE, après qu’il a chanté

Eh bien ! Monsieur, que dites vous de ce chant là ?

TROTENVILLE

Ah, ah ! Voilà une voix d’un assez beau métal ; cela n’est pas mal.

COLOMBINE.

Comment pas mal ! Il faut se jeter par les fenêtres, quand on a entendu chanter ainsi.

TROTENVILLE

Ho ! Tout doucement, s’il vous plaît ; je ne sais point faire de ces cabrioles là. Voyez vous, mademoiselle, je ne suis point de ces gens qui louent à plein tuyau. Un homme comme moi, qui a été toute sa vie nourri de dièses et de bémols, est diablement délicat en musique.

AMILARÉ, bégayant

Monsieur apparemment n’aime pas l’italien ; mais j’ai fait depuis peu un petit duo en françois, que je veux chanter avec lui, et je suis sûr qu’il ne lui déplaira pas.

Il lui présente un papier de musique.