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qui n’exprime son amour qu’avec des fontanges et des bas de soie, se morfond dix ans derrière leur porte.

ISABELLE, regardant l’habit de Trotenville.

Mon dieu, que voilà un joli habit ! Je vous trouve un fonds de bon air que vous répandez sur tout.

TROTENVILLE

Fi, madame ! Vous vous moquez ; c’est une guenille. Que peut on avoir pour cinquante ou soixante pistoles ? Je voudrois que vous vissiez ma garde robe ; elle est des plus magnifiques, et si, sans vanité, elle ne me coûte guère.

COLOMBINE.

Ho bien, monsieur, nous la verrons une autre fois ; mais présentement je vous prie de danser un menuet avec moi.

TROTENVILLE

Oui dà, très volontiers : allons.

COLOMBINE.

Qui est cet homme là qui est avec vous ?

TROTENVILLE

C’est ma poche. Tel que vous le voyez, il n’y a point d’homme au monde qui gourmande une chanterelle comme lui ; il feroit danser, s’il l’avoit entrepris, tous les invalides et leur hôtel. Vous allez voir.

L’homme prend la poche dans la queue du cheval, et en joue ; Colombine et Trotenville dansent.

Eh bien, madame ! Que dites vous de ma danse ?

ISABELLE.

J’en suis charmée.