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savonnette, et après en avoir bien frotté le visage de Sotinet, il la lui laisse tomber sur un pied.}}

SOTINET

Qu’est ce donc que cela signifie ? Avez vous entrepris de m’estropier ?

Il se lève.

ARLEQUIN, repoussant violemment Sotinet sur le fauteuil.

Que de babil ! Tenez vous donc, si vous voulez ; croyez vous que je n’aie que vous à raser ?

Il le rase avec un rasoir d’une grandeur à faire peur.

SOTINET

Allez tout doucement ; vous m’écorchez tout vif.

ARLEQUIN.

C’est que vous avez le cuir si dur, que vous ébréchez tous mes rasoirs.

Il prend un cuir à repasser, et l’accroche par un bout au cou de Sotinet, tenant l’autre bout de la main gauche ; et pour avoir plus de force à repasser son rasoir qu’il tient de la main droite, il lève un de ses pieds et l’appuie rudement sur l’estomac de Sotinet ; puis, tirant le bout du cuir de toute sa force, il repasse dessus son rasoir, de manière qu’il étrangle Sotinet, qui à peine peut crier.

SOTINET

Miséricorde ! Je suis mort ! Au secours ! On m’étrangle !

Il se lève pour appeler du monde.

ARLEQUIN, le prenant et l’obligeant de nouveau à se rasseoir dans le fauteuil.

La peste m’étouffe, si vous branlez, je vous coupe la gorge. Quel homme êtes vous donc ?