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échapperez pas, et nous aurons le plaisir de vous emmener avec nous" ; et à force de civilités, ils m’entraînèrent dans leur carrosse, et me conduisirent à la justice. D’abord que je fus arrivé, on me présenta à cinq ou six visages vénérables, qui étoient assis sur des fleurs de lis.

MEZZETIN.

Fort bien ! Et ces messieurs ne vous prièrent ils point de vous asseoir ?

ARLEQUIN.

Assurément. Celui qui étoit au milieu d’eux me dit : n’est ce point vous, monsieur, qui vous mêlez de médailles ? À quoi je répondis fort modestement : oui, monsieur, pour vous rendre mes très humbles services. Vous êtes un honnête homme, ajouta t il ; tout à l’heure nous allons parler à vous ; asseyez vous toujours en attendant.

MEZZETIN.

Et où t’asseoir ? Dans un fauteuil ?

ARLEQUIN.

Bon ! Sur une petite chaise de bois qu’on avoit mise à côté de moi. Ces messieurs donc, après s’être parlé à l’oreille, me demandèrent encore si véritablement c’étoit moi qui avois cet heureux talent ? Je leur répliquai qu’oui, que je leur demandois excuse si je ne faisois pas aussi bien que je l’aurois souhaité ; mais que j’avois grande envie de travailler, et qu’avec le temps, j’espérois devenir plus habile.