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MEZZETIN.

En vérité, je suis ravi de te voir. Je parlois tout à l’heure de toi. Tu arrives fort à propos pour rendre service à Monsieur Aurélio, dans une affaire de conséquence.

ARLEQUIN.

Qui ? Monsieur Aurélio, mon ancien maître ? Celui qui a tant de noblesse, et qui n’a jamais le sou ?

MEZZETIN.

Lui même : il est aussi gueux à présent comme il étoit du temps que tu le servois.

ARLEQUIN.

Tant pis ; car je ne suis pas aussi sot que je l’ai été, moi ; et je ne m’emploierai jamais pour qui que ce soit, qu’auparavant je ne sois assuré de la récompense.

MEZZETIN.

Va, va, le seigneur Aurélio est honnête homme.Sers le bien, et ne te mets point en peine ; tes gages te seront bien payés ; et si l’affaire que j’ai en tête réussit, je te réponds d’une bonne récompense. Mais tire moi d’un doute : il a couru un bruit que tu avois été pendu, et je te croyois déjà bien sec.

ARLEQUIN.

Eh ! Point du tout ; je me porte le mieux du monde : il est vrai que j’ai eu quelque petite indisposition, et que j’ai été sur le point de mourir de la courte haleine ; mais je m’en suis bien guéri.