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venue à Paris ; je me suis déguisée sous l’habit d’une servante ; et sous le nom de Claudine, je suis venue demeurer dans cette hôtellerie, où je l’ai revu avec plaisir, dans le temps que je devois l’oublier pour toujours ; mais, hélas ! Le moyen, quand on a le cœur sincère et qu’on n’est pas née scélérate !

Colombine

Oh ! Il faut le devenir ; on ne fait rien en amour autrement ; et la vertu la plus nécessaire à une femme, dans le siècle où nous sommes, c’est un peu d’inconstance, assaisonnée quelquefois de perfidie.

Isabelle

D’où vient donc, mademoiselle, qu’avec toutes vos connoissances, vous vous êtes laissé attraper comme une novice ? Car il me paroît, dans votre histoire, que vous avez été un peu maltraitée.

Colombine

J’avoue que je n’en ai pas été quitte à meilleur marché que vous ; mais je ne savois pas ce que je sais, et avec le temps je me rendrai encore plus connoisseuse.

Isabelle

C’est-à-dire, mademoiselle, que vous ne prétendez pas en demeurer là, et que vous ne voulez pas être fille à une aventure.

Colombine

J’ai quitté Rome, comme vous, pour suivre un amant infidèle appelé Octave. Cinthio est venu à la traverse pour prendre parti sous mes étendards ; et,