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PIERROT.

Qui ? Ce médecin ? Fi ! Votre fille n’est point le fait de ce vieux rhumatisme-là.

BROCANTIN.

II m’a promis qu’il quitteroit sa profession de médecin, si je voulois lui donner Isabelle, et qu’il se feroit troqueur.

PIERROT.

Hé ! Pardi, je le crois bien. On lui en sait grand gré, ma foi, de quitter son séné ; pour une fille drue comme Isabelle ! Tuchoux ! Si vous voulez me la bailler, je vous quitte, vous et vos chevaux, dès demain ; et si, je crois que je vous panse avec autant d’honneur qu’un médecin fait ses malades. Voulez-vous que je vous dise mon sentiment ? Car, révérence parler, j’ai plus d’esprit que vous : vous ferez mieux, si je ne vous accommode pas, de la donner à quelque homme de condition, comme, par exemple, à un gentilhomme de robe.

BROCANTIN.

Te moques-tu, Pierrot ? Notre vacation est la plus jolie du monde ; nous voyons tout ce qu’il y a de gens de qualité ; il n’y a point de prince qui fasse la dépense que nous faisons ; nous changeons de meubles tous les jours ; on ne voit jamais chez nous la même chose, et notre cabinet est le rendez-vous de tous les fainéants de la ville.

PIERROT.

Et quelquefois aussi des fainéantes ; Car voyez vous,