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ISABELLE.

Je vous dis que vous ne sauriez faire une meilleure affaire.

MONSIEUR BASSINET.

Je vois bien qu’elle ne seroit point mauvaise pour vous.

ISABELLE.

Elle a, par-dessus cela, une adresse à conduire une affaire de cœur qui ne se comprend pas. C’est un petit démon pour les tours d’esprit. Si elle est votre femme, elle aura des intrigues avec toute la terre, que vous ne vous en apercevrez non plus que si elle étoit à Rome et vous au Japon. Diable ! Une femme comme cela est un trésor pour le repos du ménage.

MONSIEUR BASSINET.

Et avec tous ces beaux talents-là, d’où vient qu’elle n’est pas mariée ? Voilà des qualités merveilleuses pour être femme.

ISABELLE.

Ne savez-vous pas les allures du monde et la malignité des rivaux ? Les uns disent qu’elle a des vapeurs ; les autres lui font faire un voyage : il y en a d’assez enragés qui lui font garder le lit cinq ou six mois pour une détorse… et… que sais-je, moi ! Cent autres contes que l’on va souffler aux oreilles d’un fiancé, qui ne manquent pas de rompre un mariage comme un verre ; et si, de tout cela, bien souvent il n’y en a pas la moitié de vrai.