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donc pas qu’il se moquoit de vous, et que vous vous donnez un ridicule dans le monde ? Allez, vous devriez mourir de honte.

COLOMBINE, en pleurant.

Ne voilà-t-il pas ? Vous me grondez toujours. Vous voulez bien vous marier, vous, et vous ne voulez pas que je me marie. Est-ce que je ne suis pas fille comme vous ?

ISABELLE.

Une petite fille qui n’a pas quinze ans, donner à corps perdu au travers du mariage !

COLOMBINE.

Mon Dieu ! Je vous dis, encore une fois, que j’ai plus d’âge qu’il ne faut ; mais puisque vous me trouvez trop jeune, faisons une chose ; vous avez quatre années plus que moi, donnez-m’en deux ; cela ne gâtera rien ni pour l’une, ni pour l’autre.

ISABELLE.

Allez, allez ; vous ne savez ce que vous dites. Vous me croyez bien embarrassée de trois ou quatre années que j’ai plus que vous ; mais je veux bien que vous sachiez que pour dix ans de moins je ne voudrois pas être faite comme vous, ni de corps, ni d’esprit.