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COLOMBINE.

Bon ! Si je ne le savois pas, est-ce que j’en voudrois avoir un ?

ISABELLE.

Hé ! Qui vous a donc appris de si belles choses ?

COLOMBINE.

Cela ne s’apprend-il pas tout seul ? Quand je songe que je serai mariée, je suis si aise, si aise ! Oh ! Il faut que ce soit quelque chose de fort joli que le mariage, puisque la pensée seule fait tant de plaisir.

ISABELLE.

Vous vous trompez fort à votre calcul, si vous vous figurez tant de plaisir dans le mariage. Le beau régal qu’un mari qui gronde toujours ! Les soins des domestiques, l’incommodité d’une grossesse : non, quand il n’y auroit que la peur d’avoir des enfants, je renoncerois au mariage pour toute ma vie.

COLOMBINE.

La peur d’avoir des enfants ! Bon ! On dit que c’est pour cela qu’il faut se marier.

ISABELLE.

Bon Dieu ! Quelle petitesse de raisonnement ! Que votre esprit est à rez-de-chaussée !

COLOMBINE.

Mais vous, ma saur, qui êtes si raisonnable, est-ce que vous ne voulez pas vous marier ?

ISABELLE.

Oh ! Ce n’est pas de même, moi ; je suis votre aînée, et la raison qui veut que vous ne vous mariiez