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Scène V

ISABELLE, COLOMBINE.
ISABELLE.

En vérité, vous êtes bien folle de farcir votre tête de vos sottes imaginations d’amour et de mariage. Est-ce là le parti que doit prendre une cadette, et ne devriez-vous pas avoir renoncé au monde ?

COLOMBINE.

Mon Dieu, ma sœur, cela est bien aisé à dire ; mais vous ne parleriez pas comme vous faites, si vous sentiez ce que je sens.

ISABELLE.

Et que sentez-vous donc, s’il vous plaît ? Vraiment, je vous trouve une jolie mignonne, pour sentir quelque chose ! Et que sentirai-je donc, moi qui suis votre aînée ? Est-ce que l’on m’entend plaindre des envies que cause I’état de fille ? Vous êtes encore une plaisante morveuse !

COLOMBINE.

Plaisante morveuse ! Mon Dieu ! Je ne suis pas si morveuse que je le parois, et il y auroit déjà longtemps que je serois femme si mon père avoit voulu ; car on m’a dit qu’on pouvoit l’être à douze ans.

ISABELLE.

Mais savez-vous bien ce que c’est qu’un mari, pour parler comme vous faites ?