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Il donne un coup de pied à Mezzetin, qui est encore couché. Mezzetin, s’éveillant en sursaut, baille et se lève.

Si je prends un bâton, maraud, je te ferai bien lever.

À part.

C’est un trésor en hiver qu’un laquais au pied d’un lit ; son ventre sert de bassinoire.

MEZZETIN.

Vous faites l’entendu, parce que les bonnes fortunes vous suivent partout ; mais souvenez-vous que nous sommes deux laquais, et qu’il n’y a point d’autre différence entre nous que celle que j’y veux bien mettre : ainsi, un peu plus de douceur, s’il vous plaît, et un peu moins d’emportement avec votre camarade.

LE VICOMTE.

Ce n’est point pour te quereller, Mezzetin, que je t’éveille de si bon matin ; c’est seulement pour te dire que toutes ces bonnes fortunes me donnent fort à penser. À l’égard de celles qui me viennent par les présents que l’on m’envoie de toutes parts, passe ; mais pour celles que nous faisons en volant des montres, en enfonçant des boutiques, et en coupant des bourses ; ma foi, j’ai peur que toutes ces bonnes fortunes-là ne nous fassent faire notre mauvaise fortune à la Grève.

MEZZETIN.

Hé ! Nous travaillons pour cela.

LE VICOMTE.

Voila une méchante besogne.

MEZZETIN.

Tenez, voilà-t-il pas encore la robe que vous volâtes à cet aveugle