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SOTINET

Mais, monsieur l’avocat, qui vous a donné charge de dire tout cela ?

BRAILLARDET

Hé ! Taisez vous, ignorant, ce sont des figures de rhétorique qui persuadent.

Aux juges.

Quand tout cela seroit, dis je, messieurs, sont ce des raisons pour faire rompre un mariage ? Si je vous parlois des intrigues de la Dame Sotinet, de ses aventures galantes, de ses subtilités pour tromper son mari ; mais… vous rougiriez, illustres et vieilles coquettes de notre temps, de voir qu’une femme de dix huit ans vous a laissées bien loin après elle dans la carrière de la galanterie et j’apprendrois aux femmes qui m’écoutent de nouveaux tours de souplesse (elles n’en savent déjà que trop). Et après cela, messieurs, une femme, qui est le précis, l’élixir, la mère goutte de la transcendante coquetterie, viendra vous demander une séparation ! Ne tiendra t il qu’à donner de pareilles détorses à l’Hymen ? Ordonnerez vous qu’un mari soit déclaré veuf, avant que d’avoir eu le plaisir d’enterrer sa femme ? Non, non, vous n’autoriserez point une telle injustice. Nous espérons, au contraire, que vous obligerez la Dame Sotinet à retourner avec son mari, pour mieux vivre avec lui, s’il est possible. C’est à quoi je conclus.

CORNICHON

Voilà une belle conclusion. Oh ! çà, çà, nous allons voir.

Il plaide.