baie délicieuse et qui serait tout à fait charmante si le soleil pouvait encore l’embellir. Durant un jour seulement, j’ai pu voir ce pays comme on le voudrait, sous les bienfaits d’un peu de lumière qui tempérerait sa rigueur. Autrement, je ne connais jusqu’ici de la Bretagne qu’une brume éternelle, un ciel sombre et changeant, brouillé, remué par des souffles contraires ; et du sol, hélas ! qu’un ensemble de choses tristes et lentes qui tombe sur l’esprit et l’opprime. Non, ce pays n’est pas le mien ; il fait triste, ici. J’y resterai cependant pour explorer quelques belles roches dont on me parle (et j’en ai vu vraiment de très particulières) ; mais je gagnerai le Midi qui m’apparaît, désormais, comme dans une féerie.
Belles et douces barques, soulevées mollement par la vague éternelle, vous flottez dans le port ami. Vos longs mâts inclinés et leurs minces cordages rayent le fond du ciel brumeux — et le souffle de l’air, et le rythme du flot bercent l’esprit comme une douce harmonie.
Vous vous pressez soudain pour aborder la baie ; au loin, au large, la dernière a baissé la voile solennelle, et le souffle de l’air et le rythme du flot bercent l’esprit comme une douce harmonie.
Sur le port est la fête ; on vous a vues de loin : voici la femme, voici l’épouse ; les vierges qui, deux à deux, parlent bas sur la grève. Et le souffle de l’air et le rythme du flot bercent l’esprit comme une douce harmonie.
Belles et dociles barques, si chères au matelot, que portez-vous au fond de la nacelle ? Du sein de l’Océan, à la source immortelle, la pêche, le trésor, la prise était si belle. Et le souffle des airs et le rythme des flots bercent l’esprit comme une douce harmonie.
O mer, ô grande amie !
Août. — Jules Boissé est mort d’une péritonite en huit jours, comme par surprise. Je fus appelé bien tard, la veille ; mais il