Il y a une bonté consciente, une bonté ferme, égale, qui se juge, comme l’idée du bien, qu’elle pratique. Elle naît de l’intelligence autant que du cœur : capable d’un bienfait constant, sans fin, c’est la sœur du devoir, c’est la justice humaine, avec sa hauteur, son dédain, son amour et sa dureté.
Il y a une bonté native. Une bonté faible et douce, inépuisable. Une bonté qui se répand toujours, sans regrets ni retours, qui prend sa source en toutes choses : celle-ci est un don de Dieu, l’autre nous vient des hommes ; celle-ci est le bien sacré, qui répand partout le bienfait et la vie, véritable graine céleste qui germe partout et qui répand la vie, et le seul bien ici-bas qui nous donne le droit de dire que nous avons vécu.
La plus pauvre et la plus humble des femmes, la femme triste et seule, celle en qui se résume l’effroi, la douleur du haillon, l’être faible, en un mot, et que le monde oublie, sera toujours l’être charmant et sacré qui mérite d’être, qui a droit au lendemain. Il faudrait que la vie eût flétri son âme, pour qu’elle n’ait plus de charme, ni douceur, ni beauté.
J’ai toujours aimé la misère, la grandeur du haillon. Il faudrait aussi que mon cœur fut bien bas pour lui retirer ma constance, mon appui, ma tendresse, et je ne connais pas de faiblesse plus misérable que celle qui nous détourne d’un être humain qui tend vers nous ses bras, nous donne son sourire, l’oubli de ce que nous lui usurpons.
10 Août. — On ne saurait écrire sans le souci de soutenir sa pensée chaque jour, à toute heure, en présence des choses et de la vie. L’univers est le livre que nous lisons sans cesse, la source unique, le moyen. La seule culture de notre esprit ne suffit pas ; il faut encore châtier sa réflexion constante et suivre avec vigilance la discipline austère imposée à tout cerveau qui tend à se développer et à produire ; hors de cela, il n’y a point de style qui