coup dans ce parti-pris de ne considérer que ce qui se passe au dehors de nos demeures. L’expression de la vie ne peut différemment paraître que dans le clair-obscur. Les penseurs aiment l’ombre, ils s’y promènent, s’y plaisent comme si leurs cerveaux y trouvaient leur élément. Tout bien considéré, ces peintres très estimables ne sèmeront pas dans le riche domaine de l’art des champs bien féconds. « L’homme est un être pensant. » L’homme sera toujours là dans le temps, dans la durée, et tout ce qui est de la lumière ne saurait l’écarter. L’avenir au contraire est au monde subjectif.
M. Degas, le plus grand artiste, assurément, de ce groupe, est un Daumier tenant sa palette. C’est la même observation profonde et vraie de la vie parisienne.
On oublie trop quelquefois les hommes de valeur que la bonne fortune nous amène ; le vrai talent n’est pas toujours entouré des justes égards qu’il mérite. Partout où la pensée s’affirme sans les soutiens d’une lutte militante, sans les fortes contradictions ou les vives approbations de l’enthousiasme, on peut dire que l’homme de valeur ne reçoit que dans une mesure imparfaite la récompense de ses généreux efforts. C’est pour cela que, dans sa propre patrie, fort souvent le génie succombe faute d’adversaires pour le combattre ou d’amis pour l’exalter. Le talent qui vient de loin, entouré déjà du prestige de la réputation faite, parvient sans doute à jeter plus d’éclat ; mais que d’entraves, que de difficultés encore ne rencontre-t-il pas dans notre imprévoyance, dans l’inexpérience de quelques juges trop empressés souvent à les expliquer avant de les avoir bien compris !