ou de dessinateurs ; on veut aussi que leurs tableaux soient de l’histoire, du genre, du paysage, de la nature morte, ou que sais-je ? Il serait difficile de placer M. Cazin parmi les uns ou les autres, d’établir qu’il est plutôt ceci que cela : il est lui-même, simplement lui-même et cela est tout.
Ne parlons donc plus désormais de l’intransigeance, ni de l’impressionnisme ; on a même plaisanté quelquefois sur le luminarisme, le sensationnisme… Il y aurait à trouver un terme définitif et durable pour qualifier l’artiste libre qui n’obéit qu’à son instinct et à la raison.
Cazin manque d’apothéose. Cela vient de son succès venu tardif.
Je vis un jour dehors un homme qui me frappa la vue ; il avait l’air contraint, soucieux, et longeait les murs de près. Son œil suivait l’horizon de la rue, comme s’il y cherchait au loin quelqu’un. Cette obstination mise en l’observation des choses lointaines me le nomma, c’était lui. Front haut, profil dur, bouche volontaire, chevelure blonde, comme sa peinture. Il est puissant, malgré tout ; on sent quelqu’un sous cette écorce.
Loin du naturalisme, Cazin habille l’ouvrier d’un autre habit que celui de ce jour ; il le revêt hors du lieu et pour tous les temps.
Cazin, Puvis sont les seuls qui nous fassent oublier la rue.
Ce n’est pas parce qu’une secte a cru découvrir la peinture en regardant les arbres, les paysans, les bestiaux, qu’il serait interdit de regarder se manifester la vie. Voyez Cazin et l’arbre, le buisson, le terrain, la chaumière, le chemin, ainsi que le moindre petit brin d’herbe qui le borde, y révèlent l’être pensant qui le traverse et y respire. L’homme est en son paysage, il y a vécu.
Il faut à l’artiste un cœur qui domine son propre cœur, des visées, une manière à lui d’envisager les choses humaines ; sans le sérieux de la vie, l’œuvre ne l’a pas non plus.
Voici une Ville morte, une place déserte où nul être humain ne paraît. Il a plu, les ruisseaux déversent une eau vive, où se reflètent