va se perdre dans le ciel du soir. Le peintre qui l’a si bien présenté a gravi la colline heureuse au delà de laquelle est le ciel de la récompense ; il l’a représenté brillant et rose comme une image de ses succès.
Le trait qui caractérise ces bons ouvrages, et ceux que j’ai cités, c’est qu’ils sont hors du lieu et du temps. Et ils sont cependant profondément vrais : leur auteur assurément n’a vu ce chemin nulle part, mais il lui a donné la vraisemblance de ceux que nous voyons partout : voilà de l’art élevé véritable et c’est résoudre un problème rare, dont la solution n’est donnée que par des artistes très hautement doués.
Cazin est un peintre-poète : il procède autant par la sensibilité que par la raison. La poésie qu’il révèle est si certaine, si douce, et si propice à réveiller en nous de lointaines et mystérieuses réminiscences qu’elle a le pouvoir de nous rendre désormais indifférents à beaucoup d œuvres que l’on nous a dit être artistiques et qui sont en effet fort habiles, extrêmement habiles, mais qui n’ont pas le pouvoir suprême et décisif de la Portée, de la transmission essentielle. Il y aurait beaucoup à dire, à propos de l’apparition en cette heure de naturalisme de cet esprit de peintre si particulièrement spiritualiste quoique si moderne, qui profite si bien et avec tant de discrétion et de mesure des acquisitions récentes dans l’art de peindre : le plein-air, ce mode nouveau, dont on a tant parlé, il le sent, le pénètre et s’en sert à merveille ; la loi capitale des couleurs complémentaires que Delacroix a affirmée et développée ne lui est pas moins connue, car il en tire des effets discrets, délicats, et très heureusement combinés. Je ne parle pas de la ligne, cette abstraction, ce trait invisible sur qui toute œuvre un peu hautaine repose, et dont il a le sens si mesuré, si fin. (1881.)
On se laisse facilement aller, par esprit de classification, à désigner les artistes par écoles, par groupes opposés de coloristes