moment où sans, rien demander, on devrait vous céder le pas pour entrer avec la modestie de l’âge et tout le charme disparu dans la salle du festin. Une société bien faite devrait rendre cela possible.
Juin. — On a beaucoup usé du qualificatif social, durant toute ma vie. Je m’en défie aujourd’hui.
Novembre. — Je veux bien que le modelé soit essentiel dans notre art, mais à condition que sa seule fin soit la beauté. Hors d’elle, ce fameux modelé n’est que néant.
Cette réflexion m’est suggérée à la vue d’un portrait de Waltner par Roybet : une tête d’homme d’une vie sans pensée, une vie exaspérée d’acuité, bien que sans âme. Tel qui a vu Waltner chez lui, laissant abandonnément son imagination vous dire ce qu’il croit de sa fin, ses espoirs, sa confiance, sa large vision du réel qu’il agrandit jusqu’aux confins d’outre-tombe, son dire sur l’individualisme dont il se défend pour se déclarer un être fragmentaire, dépendant, se ramifiant à plusieurs âmes des choses. Tel qu’il pense et avec la somme d’enthousiasme généreux que sa parole et sa figure fruste, fière et digne exhalent, le peintre qui ne reproduit de sa tête et de ses yeux qu’un relief illusoire, un éclat vital neutre et comme animal et incapable de retour sur soi-même, ce portraitiste-là n’a rien fait.
La peinture n’est pas la représentation du seul relief ; elle est la beauté humaine avec le prestige de la pensée. Tout ce qui ne nous y incite pas est nul. Et le comble du mauvais portrait est de ne pas faire ressentir la présence de l’homme dans le visage d’un homme même.