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en contradiction avec les déclarations pacifiques de l’ambassadeur d’Allemagne à Paris, au mépris des règles du droit international, les troupes allemandes franchissaient, en trois points différents, natre frontière. En même temps, en violation du traité de 1867,,qui a garanti, avec la signature de la Prusse, la neutralité du Luxembourg, elles envahissaient le territoire du Grand-Duché, motivant ainsi la protestation du Gouvernement luxembourgeois. Enfin, la neutralité de la Belgique même était menacée : le ministre d’Allemagne remettait, le 2 aoùt au soir, au Gouvernement belge un ultimatum l’invitant à faciliter en Belgique les opérations militaires contre la France, sous le prétexte mensonger que la neutralité belge était menacée par nous. Le Gouvernement belge s’y refusa, déclarant qu’il était résolu à défendre énergiquementFrance sa neutralité, respectée par la rance et garantie par les traités, en particulier par le roi de Prusse, Depuis lors, messieurs, les agressions se sont renouvelées, multipliées et accentuées. Sur plus de quinze points, notre frontière a été violée. Des coups de fusil ont été tirés contre nos soldats et nos douaniers. Il y a eu des morts et <ie§ blessés. Hier, un aviateur militaire allemand a lancé trois bombes sur Lunéville. L’ambassadeur d’Allemagne, à qui nous avons communiqué ces faits, ainsi qu’à toutes les grandes puissances, ne les a pas démentis et n’en a pas exprimé de regrets. Par contre, il est venu hier soir me demander ses passeports et nous notifier l’état de guerre, en arguant, contre toute vérité, d’actes d’hostilités commis par des aviateurs français en territoire allemand dans la région de l’Eiffel et même sur le chemin de fer de Carlsruhe à Nuremberg. Voici la lettre qu’il .m’a remise A ce sujet :


Monsieur le Président,

Les autorités administratives et militaires allemandes ont constaté un certain nombre d’actes d’hostilité caractérisée commis sur le territoire allemand par des aviateurs militaires français. Plusieurs de ces derniers ont manifestement violé la neutralité de la Belgique survolant le territoire de ce pays. L’un a essayé de détruire des constructions près de Wesel, d’autres ont été aperçus sur la région de l’Eiffel, un autre a jeté des bombes sur le chemin de fer près de Karlsruhe et de Nuremberg.

Je suis chargé et j’ai l’honneur de faire connaître à Votre Excellence qu’en présence de ces agressions, l’Empire allemand se considère en état de guerre avec la France du fait de cette dernière puissance.

J’ai en même temps l’honneur de porter à la connaissance de Votre Excellence que les autorités allemandes retiendront les navires marchands français dans les ports allemands, mais qu’elles les relâcheront si, dans les quarante-huit heures, la réciprocité complète est assurée.

Ma mission diplomatique ayant ainsi pris fin, il ne me reste plus qu’à prier Votre Excellence de vouloir bien me munir de mes passeports et de prendre les mesures qu’elle jugerait utile pour assurer mon retour en Allemagne avec le personnel de l’ambassade ainsi qu’avec le personnel de la légation de Bavière et du consulat général d’Allemagne à Paris.

Veuillez agréer, monsieur le président, l’expression de ma très haute considéra­tion.

Signé : Schoen.


Ai-je besoin, messieurs, d’insister sur : l’absurdité de ces prétextes, que l’on voudrait présenter comme des griefs ? A aucun moment, aucun aviateur français n’a pénétré en Belgique ; aucun aviateur français n’a commis ni en Bavière, ni dans aucune antre partie de l’Allemagne,’aucun acte d’hostilité. L’opinion européenne a déjà fait justice de oes inventions misérables. Contre cette attaque, qui viole toutes les lois de l’équité et toutes lés règles du droit public, nous avons, dès maintenant,’ pris toutes les dispositions nécessaires., L’exécution s’en poursuit avec une rigoureuse méthode et un absolu sarig-froid. f La mobilisation de l’armée russe se con- * tinue également avec une énergie remarquable et un enthousiasme sans restriction. L’armée belge, mobilisée à 250.000 hommes, se dispose à défendre, avec une magnifique ardeur, la neutralité-et l’indépendanoe ’de son pays. La flotte anglaise est mobilisée tout ’< entière, et l’ordre a été donné de mobiliser l’armée de terre. Dès 1912, des pourparlers avaient été f poursuivis entre les états-majors anglais et français. Ils avaient abouti à nn échange de lettres entre sir Edward Grey et M. Paul Cambon. Le secrétaire d Etat en a donné connaissance hier à la Chambre des Communes, et, d’accord avec le Gouvernement britannique, je vais avoir l’honneur de donner lecture au Parlement de ces deux documents : -i « Foreign office. î « Londres, 22 novembre 1912. ,| « Mon cher ambassadeur, J « A différentes reprises, dans les der- | nières années, les états-majors militaires i