Page:Recueil général des anciennes lois françaises, tome 21.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mettoit à peine d’exprimer leurs sentiments, et qu’ils ne marqueroient en ce jour leur affliction que par leur silence, si leur zèle pour le bien de l’Etat ne ranimoit leur courage.

Que nous venons de perdre un roi, dont le règne sera mémorable à jamais dans la postérité, et que les derniers moments de sa vie, monuments éternels de la sincérité de sa religion et de la fermeté de son ame, ajoutant un dernier degré à sa gloire, mettent aussi le comble à notre douleur.

Que le ciel en nous enlevant un prince qui sera toujours le sujet de nos regrets, nous laisse un roi dont les heureuses dispositions, et un esprit qui brille déjà au travers des ténèbres de l’enfance, sont le fondement de nos plus douces espérances.

Mais que ce n’est point par des larmes inutiles et par de simples vœux, que nous devons lui témoigner notre zèle et honorer dignement la mémoire d’un prince qui, n’ayant été occupé en mourant que du salut de l’Etat, nous a appris par son exemple à ne chercher notre consolation que dans l’établissement d’un gouvernement proportionné aux besoins de cette grande monarchie.

Que la naissance appelle M. le duc d’Orléans à la régence de ce royaume, qu’il semble même que la nature qui l’y a destiné, ait pris plaisir à justifier son choix par des qualités éminentes, qui le rendroient digne d’être élevé au titre de régent par les suffrages de cette auguste compagnie, quand on pourroit oublier que c’est la nature même qui le lui présente, et que si la cour suspendoit encore sa délibération sur ce sujet, c’étoit par un effet de sa religion pour le dépôt sacré qui a été remis entre ses mains.

Que le terme fatal est arrivé, où suivant l’édit qui accompagne ce dépôt, leur premier devoir est de demander à la cour l’ouverture du testament que le roi lui a confié, et la lecture des codiciles dont M. !e duc d’Orléans vient de parler.

Qu’ils ne peuvent craindre que la lecture de ces dispositions, qui suivant ce que M. le duc d’Orléans a appris de la bouche même du feu roi, tendent à confirmer le droit de sa naissance, puisse y donner aucune atteinte, et que le tempérament qu’il propose leur paroît si mesuré et si plein de sagesse, qu’ils ne pouvoient rien faire de mieux que d’y joindre leurs suffrages.

Que la cour rendroit par-là tout ce qui peut être dû et aux prérogatives de la naissance, et à la volonté d’un testateur si respectable, qu’elle remplira également le devoir de juge et celui de dépositaire, et que la délibération qui sera faite en-