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vant le banc du côté du greffe, M. le Meusnier, conseiller, est demeuré à l’ordinaire au bout du premier ; M. Robert au bout du second, et M. le Nain, doyen, au bout du troisième attenant la lanterne du côté du greffe.

Vers les huit à neuf heures, la cour ayant été avertie que M. le duc d’Orléans étoit à la Sainte-Chapelle où il entendoit la messe, MM. les présidents le Peletier et de Bailleul, Cadeau et Gaudart, conseillers, ont été députés pour l’y aller saluer au nom de la compagnie, ce qu’ils ont fait et l’ont conduit en la cour, MM. les présidents marchant à ses côtés, et MM. les conseillers derrière lui.

M. le duc d’Orléans a passé à travers le parquet ; et lorsqu’il a été placé au-dessus de M. le duc de Bourbon, M. le premier président lui a dit :

« Monsieur, le parlement profondément affligé de la perte que la France vient de faire, conçoit de grandes espérances pour le bien public, de voir un prince aussi éclairé que vous, Monsieur, aussi pénétré que vous l’êtes de tous les sentiments de justice, venir dans la compagnie avec les dispositions que vous y apportez : la cour m’a chargé de vous assurer. Monsieur, qu’elle concourra avec vous au service du roi et de l’Etat de toutes ses forces et avec tout le zèle qui l’a toujours distinguée des autres compagnies du royaume : elle m’a en même temps expressément ordonné de vous protester, Monsieur, qu’elle ira au-devant de tout ce qui pourra vous prouver le profond respect qu’elle a pour vous. »

M. le duc d’Orléans a marqué à M. le premier président beaucoup de satisfaction de ce qu’il lui avoit dit, et a témoigné ensuite vouloir parler à la compagnie en présence des gens du roi ; aussitôt ils ont été mandés par M. le premier président, et M. le duc d’Orléans ayant salué la compagnie, a dit :

« Messieurs, après tous les malheurs qui ont accablé la France et la perte que nous venons de faire d’un grand roi, notre unique espérance est en celui que Dieu nous a donné : c’est à lui. Messieurs, que nous devons à présent nos hommages, et une fidèle obéissance. C’est moi, comme le premier de ses sujets, qui dois donner l’exemple de cette fidélité inviolable pour sa personne, et d’un attachement encore plus particulier que les autres aux intérêts de son Etat. Ces sentiments connus du feu roi, m’ont attiré sans doute ces discours pleins de bonté, qu’il m’a tenus dans les derniers instants de sa vie, et dont je crois vous devoir rendre compte. Après avoir reçu le viatique, il m’appela, et me dit : Mon neveu, j’ai fait un testament où