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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE NORMANDIE.
Reg. con-
seilloit.
ou pendant d’une montaigne, et voyent venir la première bataille du Duc Guil- Alaume et adont dist Herault à son frère Guert « Vôis-tu Guillaume venir il » a pou de gens à conquerre à ce que je voy, mi cent mil hommes que j’ai en » ceste compaignie». « Par Dieu, dist Guert mieulx ameroie cent bons com» battans bien armez et bien arrestez que mille villains qui oncques ne furent » en bataille. Guillaume a gens esprouvez, et bien armez et à cheval glaeves » et lances ont à foison, et archiers qui si dru nous envoieront leurs saiettes que » ne nous en pourrons deffendre ». Et si comme ilz devisoient ainsi ilz avisèrent venir une seconde bataille qui venoit par le fons d’une vallée et y avoit plus gens plus lances et plus escus beaucoup que en la première. Beau frère, » dist Herault à Guert veez-cy grant gent et moult sont de noble conroy » « En nom Dieu dist Guert ce’sont Chevalliers et de noble et haulte proesce et » emprisse et qui ne fuiront pas pour quatre tant de nos gens* » Et lors com- B mença Herault à pallir, à tressuer et à souhaitier qu’il feust à Londres. « Certes » dist Guert, mauvais couart, il est trop tart à y aller. Vous n’y voulsistes detlmourer quant l’en le vous disoit icy vous faut deffendre ou morir ou estre » deshonoré et tout perdre. Trop vous hastastes de prendre journée de combattre » à cest samedi. Se vous fussiez à Londres, vous peussiez aler de ville en ville » et se mal vous preist rallier vos gens ou faire aucun traitié ». « Certes, ce dist » Herault je prins la journée au samedi pour ce que ma mere me disoit que tout » bien me vendroit au samedi, pour ce que je y funé ». « Or verrez dit Guert, » qu’il vous en advendra. Oncques sage homme ne crut en sort au samedi nas- .a : r ~nll""J’"
» quis et au samedi porras morir ».
Comment Northmans assemblèrent aux Anglois (a). C
Assez tost après ou couppel de la montaigne le Duc Guillaume et sa bataille se vont descouvrir et moult estoit plus grande que nulle des aultres. Les bons Chevalliers et les bons archiers estoient là et sur costé estoient les gens de pié 1 lesPrestres, les Clercs et le sommage qui n’estoient pas ordonnés à combattre. Et quant Herault les vist si fut plus esbahy que devant et se print à trembler et dire « Ha ha Conte de Flandres tu soies mauldit tu m’avoies mandé par » tes lettres que je n’eusse nul doubte de Guillaume, et qu’il n’avoit nul pouoir » hors de son pays » Lors se trairent Herault et Guert son frere vers leur estendart, et commencerent à prier Dieu qu’il leur voulsist aider. A tant veissiez Northmans aprochier jusques près du hourdis des Anglois, et archiers commencier à traire et Northmans à assaillir, et Anglois à deffendre, et vont moult D endommagier (b) et quant ilz approchèrent du hourdis aux Anglois, si avoient grandes haches à deux mains dont ilz les abatoient, et ne les povoient entamer, ne entrer entre eulx. Ainsi assaillirent longuement les deux premières batailles des Northmans envers les Anglois ne les archiers Northmans ne leur povoient mal faire, pour ce qu’ilz se targoient des huys et des fenestres dont ilz avoient fait leurs hourdis ne aussi les gens d’armes ne les povoient grever pour ce qu’ilz ne povoient entrer en eulx, pour ce qu’ilz se tenoient sur leur hourdis et ne faisoient que eulx deffendre. Lors se retrairent ung pou les deux batailles des Northinans qui ainsi avoient assailly en deux lieux, et la bataille au Duc Guillaume approcha tousjours. Adont les Capitaines des deux batailles s’assemblerent, et alerent devers le Duc Guillaume et lui distrent Testât des Anglois et par conseil fut ordonné que les archiers trairoient hault en l’air affin que quant £ les Anglois leveroient hault les visages pour regarder les saiettes, les aultres peussent assaillir et despecier leurs hourdis et entrer dedans les Anglois. Adont se partirent les trois batailles des Northmans et ala chascune bataille à chascune entrée de la closture des Anglois car les Anglois n’avoient îaissié que trois entrées en leurs hourdis. Si commencerent Anglois à fourmer et parler en leur langaige, et l’un à l’autre erioient Âlkros, Godefurichy. AKeros en Anglois vault autant à dire en François comme Sainte Croix Godeficrichy Dieu tout-puissant. Northmans crioient Nostre Dame Dieu mje. Les archiers commencerent à traire comme il estoit ordonné et Anglois à sentir les flesches qui venoient de (a) Reg. Comme le Duc Guillaume et sa bataille et ses gens, parce que quand ils approchoient, les vindrent à rencontre du Roi Herault. Anglois, etc.
(b) Reg. Et moult grant dommage y olt le Duc
