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A et de leur ost, il se arresta et envoya de rechief ung Moyne à Herault lui dire qu’il vouloit parler à lui, et que seurement il veriist à lui sur les champs et amenast avec lui tant de gens qu’il lui plairoit et qu’il n’eust point de doubte assavoir se ilz pourroient entrer en aucun traittié. Lors prist Guert le frère Herault la parolle et ne peut souffrir que Herault respondist et si dist au Moyne « Alez dire à vostre maistre que le Roy n’ira pas à lui mais s’il veut » faire aucunes offres ou dire aucune chose face le scavoir au Roy, et tantost » le Roy lui respondera » Si retourna le Moyne vers le Duc et pendant le temps qu’il retourna, Hérault manda ses Barons pour oyr ce que Guillaume lui feroit sçavoir. Le Moyne dit au Duc ce que Guert lui avoit dit, et comme il n’avoit voulu que Herault eust respondu. Lors dist le Duc au Moyne « Vous » direz dist-il à Herault que s’il veut venir et tenir son couvenant qu’il B » m’a promis je lui quitteray Northombrelande et tout ce qui oultre la Hombre » siet et tout ce qui à ceste partie appartient et à Guert son frère je lui lairay » toute la terre que Govine son pere tenoit. Et se ce que je leur offre ne » veullent prendre, dittes à Herault qu’il est parjure et a sa foy mentie et » que je le deffi et si lui dittes et devant tout son Barnage que lui et » eulx s’ilz le soustiennent sont excommuniez de la bouche et autorité du » Pape, et que j’en ai bulle ». Le Moyne s’en retourna devers Herault, et devant tous lui dist tout hault ce que le Duc lui avoit chargié. Quant les Anglois oyrent parler de l’excommeniement si s’entrecommencerent à regarder et distrent l’un à l’autre que en cela y avoit-il péril. Et adont Guert fît retraire arriere le message et dist à Hérault son frère et à ses Barons « Seigneurs » il me semble et je croy que vous craigniez la bataille et non sans cause. C » Nous ne cognoissons Guillaume. Vous veez que du nostre où il n’a encores » riens, il fait les parties telles comme il lui plaist. Or quant nous aurons passé » le Hombre, et il auroit en son obéissance le païs qu’il veult tenir il nous » bouteroit du tout hors s’il lui plaisoit. Et encores y a pis, car il a donné » vos terres à ses Barons, Chevaliers et à ses autres gens et lui en ont les » plus grans et la -plus grant partie fait hommage ; et voudront avoir leur » don s’il a le royaume et il leur sera tenu de livrer. Ainsi nous serons hors » de terre et nous tiendroient Northmans en subjection et prendroient malgré » nous nos femmes filles et biens, et tout ce que nous avons, et n’oserions » hongnier Ilz ne viennent pas seulement pour nous destruire, mais viennent # » aussi pour destruire nos hoirs et nous débouter des héritages de nos ancesseurs. ci » Se il accordast que nous demourissions en nos héritages qui venus sont de nos anD » cesseurs, et eust l’onneur du Roy et la souveraineté du royaume, nous le peussions » souffrir comme se nostre Roy ou Seigneur feust mort, et nous eussions, chen» gié Seigneur pour aultre mais de nous mettre hors de nostre païs et de » nos héritages, c’est dure chose a souffrir. Si ayez advis que vous ferez et » où vous yrez, se vous estes ainsi deboutez de vostre terre ». Adont parla Herault et dist « Mes amis vous avez oy ce que Guert mon frère vous a » dist je vous aime et me mets en vostre mercy. Deffendons nos vies et » de nos enfans et successeurs. Se nous povons desconfire nos ennemis qui nous » viennent assaillir nous aurons honneur à toujours je vous acroisteray vos » fiefs et feray encores du bien assez ». Quant les Anglois oirent ainsi parler Herault et Guert si distrent qu’ils disoient vérité et pour telles paroles et promesses que Herault leur fist, se commencerent à esbaudir et distrent que ja E paix ni traitié n’en feroient mais mourraient ou desconfiroient les Northmans. Comme les Northmans orclonnerent de leurs consciences, ainz qu’ils allassent en bataille.

Quant le Duc Guillaume ot oy la response des Anglois que son message lui racompta si vit bien que pour offrir raison il n’auroit riens de son droit, et qu’il couvenoit que par puissance il le recouvrast. Si s’en retourna à ses gens et leur dist que lendemain auroient la bataille. Moult furent les Anglois celle nuit en grans reveaulx et chantoient en leur langaige et mengeoient et bevoient ne oncques aultre chose toute la nuit ne firent : >

Ainsi se contindrent les Anglois et les Northmans se ordonnerent de leurs baronage.

Reg. groncher.

EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE NORMANDIE.