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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE NORMANDIE.

Northmans. Si regardèrent tentes et pavillons (fouillies et logis à merveilles y P. avoit) oyrent -trompes et instrumens, ehevaulx hennir haumes reluire et moult grant eompalgnie de peuple. Et adonc dist Herault à Guert son frère « Beau frere veez-ci grans gens et en grant ordonnance péril sera de les at» tendre. Il seroit bon que nous nous retraissions à Londres tant que nous eus» sions encores plus de gens ou se vous vollez je en iray assembler et vous » demourrez où nous sommes. Tl y a forte place et le plutost que je pourrai je » revenray à vous » « Ha ha dist Guert, faulx traître, mauvais couart il est » trop tart à ce faire le cuer vous fault et si n’estes playé ne mehaigné, ne » n’avez encore feru cop de lance ne d’espée. Quant l’en le vous conseilla » vous n’en voulsistes riens faire vostre orgueil est tost abata, qui pour tant » seullement veoir vos ennemis estes desconfis. Se vous retournez, l’en dira que » vous fuiez et se vous fuiez, qui tenra vos gens, et s’ilz estoient departis, qui les B » rassembleroit Vous ne valiez riens et estes mauvais parjure » Finablement tant de grosses paroles ot entre eulx, que Guert sacha son espée et volt occyre Herault mais Herault fuy au coup. Et si comme ilz estoient en ce débat ilz virent venir de leurs gens qui les queroient car nul ne sçavoit ou ils estoient. Si se déporterent à tant, et s’en allerent à leurs gens. Lors ordonna Herault deux espies qui parloient François et leur chargea d’aller en l’ost des Northmans et sçavoir quelz grans Seigneurs il y avoit, et combien de gens ilz estoient. Si Jurent tous deux apperceus et prins, puis menez devant le Duc et comme ilz eussent dit qu’ilz venoiênt espier l’ost et cuidassent estre mors le Duc Guillaume leur fist donner à boire et a mengier et puis les fist mener parmi l’ost partout où ils voulloient aller et à tant les laissa sans leur mal faire. Quant ilz furent retournez en leur ost, si dirent moult de bien et d’honneur du Duc Guillaume, et y ot l’un des C deux qui cuida pour ce que les gens de Guillaume estoient tondus et rez soùbz les oreilles, que ce fussent Prestres si dist que Guillaume avoit plus de Prestres avec lui que Herault n’avoit de Chevalliers, et adont furent Anglois esbahis grandement des parolles que disoient les espies.

Du second message que Guillaume renvoya à Hérault.

Sitost comme les espies furent parties de l’ost du Duc de Normandie, il ordonna encores ung Moyne moult sages homs et hardy en parolles, et l’envoya devers Herault lui dire pluseurs choses et sitost qu’il fut devant lui si s’assemblèrent Anglois et le Moyne dist tout hault « Sire, le Duc de » Northmandie vous mande par moy que vous faciez de trois choses l’une D » c’est assavoir que vous lui rendez le royaume d’Engleterre et prenez sa fille » par mariage, ainsi que lui promistes et jurastes sur les saintes reliques ; ou » que du discord qui est entre lui et vous vous subsmettez en l’ordonnance » du Pape, ou que vous et lui vous combatez corps à corps, et ne laissiez » pas mourir vos gens d’un costé ne d’aultre et que cellui qui aura victoire » et fera rendre son ennemi ait le royaume sans contredit » Lors respondit Herault sans advis et sans conseil « Couvenant ne lui tenray sur le Pape ne me » tenray ne ja à lui ne me combateray ».

Comment le. Duc ala pour semondre Hérault.

Le Moyne s’en retourna devers le Duc Guillaume et lui dist la response que Herault lui avot faitte. Si appella les Barons, et leur dist « J’ai sommé Herault E » par letres de moy faire raison, et puis par certains messages silevueil sommer » de ma personne à la sienne et lui dire qu’il est parjure s’il ne me tient » couvent. Toutesvoies s’il veut acorder avec moy, je lui lairai toute la terre » de toute Hombre devers Escoce ». A ce conseil s’acorderent les Barons et lui distrent « Sire, brief faittes le parlement ; se nous devons combatre, si soit » tost car gens viennent tous les jours à Herault » « Par foi dit le Duc, » se huy ne sommes d’acord demain aurons la battaille ». Lors monta le Duc à cheval et xx Chevaliers avec lui sur leurs destriers et se mistrent à aler vers l’ost des Anglois. Tantost après monterent cent Chevaliers qui suivirent le Duc ung peu loing et puis monterent à cheval mil hommes’ qui suivirent les aultres et toujours veoient le Duc à l’oeil. Quant le Duc fut à la vue des Anglois