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EXTRAIT DE LA CHRONIQUE DE NORMANDIE.


Godwin.

Reg. ac-

quitter.

A estoit moult bon Clerc et en qui moult se fioit, et lui dist sa voulenté puis l’envoia à Herault en message à Londres où il estoit. Du message Guillaume (a).

Margot le Moyne vint à Londres et trouva Herault qui là assembloit. son ost, et lui dist devant tous «’ Sire, je suis message de Guillaume le Duc de » Northmandie, qui m’envoie devers vous, et vous fait scavoir que vous aiez » mémoire du serment que vous lui feistes en Northmandie publiquement et » sur tant de bons saintuaires et se vous estes alé contre icellui corrigiez » vous et lui rendez ce en quoy vos ancesseurs n’eurent oncques droit. Laissiez» lui le royaume d’Engleterre que le Roy Edouart en sa santé et bonne cogB » noissance lui donna, dont vous propre lui faistes le message. Ne destruisiez pas » chrestienté. Moult en morront se vous combattez qui ne l’ont pas deservi. » Se faire ne le voulez il vous mande de par moy qu’il le pense à conquerre à » l’aide de Dieu et du bon droit qu’il y a ». Quant Herault oyt ce et ainsi parler Damp Hue Margot, si commença à rougir, et lui volt courre sus mais ung sien frere nommé Guert le retint, et dist au Moyne qu’il se partist et incontinent s’en retourna sans aultre response, et vint au Duc Guillaume et lui compta ce qu’il avoit trouvé.

Du message Herault.

Quant le Moyne se fut parti de Londres, Herault ordonna un message qui parloit en François si lui dist « Tu iras à Guillaume et lui diras qu’il ne me C » sieuv e plus du serment que je lui ay fait car se aulcun lui en fis ̃ ce fust par » paour. Il me tenoit en son pays et en sa mercy, et m’eust retenu prisonnier, » se je n’eusse obey à sa voulenté. Serment par contrainte ne fait à tenir. Re» tourne-s’en en son pays, et je lui donray du mien et lui feray refaire ses nefs » et se ce il ne veult faire dis lui que samedy me combatteray à lui, se il me » ose attendre » Le message vint à Guillaume et lui dist ce que Herault lui avoit chargé et Guillaume répond ! « Des offres que Herault me fait je l’en » mercie, et ainsi lui diras mais je ne suis pas venu en ce pays avec la com» pagnie que j’ai admenée pour conquerre les Estrelins seulement mais y suis » venu pour tout avoir. Il scet bien qu’il me jura et que Edouart me le donna, et » comme le nepveu et le filz de Govine il m’en bailla en hostage. Je con» querray mon droit, et samedy, se je n’ay exoine, je l’attendray et lui monsD » treray telles enseignes qu’il me saura bien où trouver » Lors fist le Duc Guillaume donner au message ung courssier, une robe et xl florins, et à tant se partit. Quant le message vint à Héraut, si lui monstra tout ce que Guillaume lui ot donné, et lui dist sa respqnse. Si se repenti Herault de ce que si laidement avoit donné congié à Hue Margot le Moyne. Entretant que messages aloient et venoient, Anglois se assembloient, Princes, Barons et tous Nobles ceulx des chasteaulx, des citez, des ports, des villes et des bourgs Contes Barons et Vavasseurs. Et quant ilz furent assemblez, ilz se partirent de Londres. Lors Guert le frere de Herault se mist à raison et lui dist « Beau frere, je con» seille que vous demourez à Londres, et que moy qui n’ay foy ne serement » à Guillaume, me combateray à lui car se vous vous parjurez, je suis certain » qu’il vous en mesvenra. Se je suis ou prins ou mort, vous vous pourrez bien E » recouvrer. Faites gaster et destruire le pays, que Northmans ne truissent de » quoi vivre. Comment que ce soit, vous pourrez bien acorder à Guillaume ». « Par foy, dit Herault je ne ,destruiray pas le pays que j’ay à garder et si me » combateray avec mes hommes » Lors chevauchèrent Anglois jusques à umg lieu où Hérault les fist àrrester et dist que illec il attendroit les Northmans et fist faire fossez entour son ost, et n’y laissa que trois entrées et est le lieu de présent appelle l’Abbaye de la Bataille. Là fist-il drecier son estandart mettre ses banieres et ordonner ses gens. Quant il ot ce fait, il dist à Guert son frere que trop volentiers il veist l’ordonnance des Northmans si montèrent eulx deux seullement sur deux courssiez et se partirent au bien matin de leur ost et chevaucherent tant qu’ilz vindrent en ung lieu dont ilz povoient bien veoir l’ost des (<z) Reg. Comme ung Moigne de Fescamp alla de par le Duc Guillaume devers le Roi Herault.